"La Rivista di Engramma (open access)" ISSN 1826-901X

BRETIN AUSSONOIS (1582)

Luciano, Les œuvres… traduites du Grec, par Filibert Bretin Aussonois, Paris 1582, p. 627

A main dextre est assis quelqu'un de grand'apparence, ayant les aureilles fort longues, pareilles ou peu s'en faut, à celles qu'on dit qu'auoit Mydas. Or voyant de loing s'approcher de luy Calomnie, il luy tend la main: apres, deux femmelettes sont à l'entour de luy, Ignorance (que ie ne mente) & Soupçon. D'autre part venoit hastiuement Calomnie brauement accoustree, monstrant à son visage & à la contenance de son corps, qu'elle estoit enragee, & auoit son coeur fort enflé de cholere: laquelle tenoit en sa main senestre vn fallot flamboyant, & de la droitte tire avec soy par les cheueux vn jeune fils tendant les mains au ciel, & requerant de grande affection l'ayde des Dieux immortels. Deuant elle, va un homme ayant la couleur fort pasle, lequel donne semblant d'estre meschant, ayant la veuë comme estincelle, toutesfois du tout semblable à ceux lesquels par quelque mal caduq deuiennent tous secs, tellement que tu soupçonnerais facilement que ces fust Envie. Mais encores quelque nombre de femmelettes suiuoient Calomnie luy faisant compagnie, desquelles l'office estoit d'encourager & inciter leur maitresse, & de l'adjancer brauement. Or l'interprete de la peinture disoit que c'estoit Trahison & Deception. Penitence suiuoit par derriere, ayant un vestement de dueil, de couleur noire tout deschiré: laquelle ayant la teste recourbee en derriere auec larmes & honte reçoit Verité qui vient de loing: & ainsi Apelles en ce tableau a depaintes aduantures.